Actualités

Partager sur :

Avec un budget record de 14,4 milliards d'euros, l'ESA va pouvoir lancer de nouveaux projets

30 novembre 2019 Article
Vue 10 fois

Record pour l’ESA depuis sa création en 1975. : un budget de 14,4 milliards d'euros lui a été alloué. De quoi permettre à l'Europe de rester compétitive dans le secteur spatial, de plus en plus concurrentiel.
 
Une ambiance post-accouchement détendue. Le sourire était de mise jeudi 28 novembre après-midi à Séville (Espagne), où les ministres en charge de l'espace ont accordé à l'Agence spatiale européenne (ESA) un budget supérieur à celui proposé, dans le cadre de la conférence ministérielle dénommée Space19+ qui déroulée les 27 et 28 novembre. L'ESA, qui compte 22 Etats membres dont certains hors Union Européenne (UE), se voit allouer 12,5 milliards d'euros pour les trois prochaines années, une somme qui grimpe à 14,4 milliards d’euros si l'on inclut l'extension à cinq ans, prévue pour certaines activités.

Et c’est même légèrement supérieur à ce qui était initialement demandé par l’ESA, à savoir un budget de 14,3 milliards d’euros. Voilà qui satisfera sans aucun doute Jean-Yves Le Gall, le président du CNES, l'agence spatiale française, ainsi que tous les acteurs du secteur spatial qui s’inquiète de maintenir l’Europe en bonne position dans une course à l’espace qui a repris de la vigueur ces dernières années, avec les Etats-Unis en pole position.

Décollage d'Ariane 6 en vue

Les montants alloués vont permettre de financer la continuation des programmes en cours et d'en lancer d'autres. ArianeGroup, qui construit l'actuel lanceur Ariane 5 et met au point son successeur, Ariane 6, va pouvoir poursuivre sereinement ses travaux. Il s'agit d'assurer la transition entre les deux véhicules spatiaux dans la période 2020-2023. Pour Ariane 5, le coût de la réduction de cadence est estimé à 500 millions d'euros afin de conserver les compétences et de conduire le démantèlement des installations. Ariane 5 doit voler encore 11 fois d'ici à la fin 2022.

Ariane 6 doit décoller pour la première fois fin 2020 et va progressivement remplacer Ariane 5. A Séville, le financement des diverses pistes à explorer pour son évolution a été validé. Ainsi, la conception d'un étage supérieur allégé de une à deux tonnes va se poursuivre. Baptisé Icarus, il fait appel à la fibre de carbone. Objectif : emporter davantage de petits satellites pour créer une constellation ou un plus gros engin d'exploration.

La construction d'un premier moteur Prometheus va se poursuivre : il s'agit de remplacer le Vulcain 2.1 par un moteur dix fois moins cher, à 1 million d’euros pièce. Prometheus sera réutilisable mais pourrait être employé sur une future version d'Ariane 6 seulement pour son coût réduit. Le démonstrateur Themis d'étage principal réutilisable sera équipé de Prometheus.

Le réutilisable en question

Tous les acteurs européens ne sont pas encore convaincus de l'intérêt économique de la formule réutilisable, qui exige une cadence élevée de lancements pour être rentable. Themis et Prometheus vont donc donner lieu à des évaluations poussées mais ne constituent pas en engagement dans cette voie dans laquelle s’est notamment distingué l’américain SpaceX. Ariane 6 n’a pas été conçue à l’origine pour être réutilisable, les acteurs impliqués arguant que le modèle économique du lanceur n’y était pas adapté. Reste que l’option est ouverte.

Toujours dans la catégorie "transport" (2,2 milliards d’euros) selon la nomenclature de l'ESA, un nouveau véhicule va voir le jour. Le Space Rider est une petite navette sans pilote destinée à l'emport d'expériences scientifiques et de démonstrateurs technologiques en orbite. Placée sous la coiffe d'un lanceur Ariane ou Vega, elle aurait une espérance de vie de six vols. Le programme est financé à 75 % par l'Italie et implique dix pays. La part de Dassault Aviation, qui espérait au moins 30 % pour ses compétences en aérothermodynamique, sera donc inférieure.

L'Allemagne en tête des contributeurs

Mais les véhicules – lanceurs ou navettes – ne doivent pas être l'arbre qui cache la forêt. Dans le domaine de l'observation de la Terre, le seul programme Copernicus, dont l'UE a chargé l'ESA, a reçu 1,8 milliard d’euros soit 400 millions d’euros de plus qu'escompté. La mesure des émissions de CO2 va donc pouvoir être plus précise grâce à des instruments de plus haute résolution. Une catégorie "sécurité et sûreté de l'espace" a été créée. Même si son budget est relativement modeste, à 541 millions d’euros, elle marque l'importance accordée à des sujets comme les déchets spatiaux. Une démonstration de "nettoyage" est aussi financée.

Qui sont les plus gros contributeurs au budget ? L'Allemagne est désormais le premier d'entre eux, à 3,3 milliards d’euros. La France, deuxième, a accordé 2,7 milliards d’euros. L'Italie, un pays aux compétences spatiales trop peu connues du grand public, arrive troisième avec 2,3 milliards d’euros. Le Royaume-Uni reste dans l'ESA – cette appartenance étant indépendante de l'adhésion à l'UE – et contribue à hauteur de 1,7 milliard d’euros, ce qui le place en quatrième position.

L'augmentation du budget de l'ESA est saluée par les principaux acteurs du secteur, dont Airbus. L'espace devient un secteur clé de souveraineté. Face notamment à SpaceX, la position d'Arianespace sur le marché n'est plus dominante. Le marché des satellites est changeant et une faculté d'adaptation rapide est requise. Les Etats membres de l'ESA l'ont compris et mettent leurs actes en accord avec leurs paroles.

Photo : Le budget alloué à l'Agence spatiale européenne atteint le niveau record de 14,4 milliards d'euros. © © ESA-CNES-ARIANESPACE/Optique Vidéo du CSG

USINE NOUVELLE de Thierry Dubois du 28/11/2019






J'aime

Aucun commentaire

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire. Connectez-vous.